Soliloques et coups de gueule, un mode d'expression à partager.

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi, octobre 29 2016

Hors du temps

Colline

En automne au lever du soleil je suis debout sur la colline je dis debout et cela signifie exactement bien droit presque raide jambes légèrement écartées dos au soleil mon visage fraîchi par la brise matinale je sens mes jambes ancrées à la terre et peut-être même sortant de terre ou enracinées en tout cas je sens très fort ce rapport au sol le fait que j'y soit relié par l'attraction c'est un sentiment rare c'est la première fois que je ressens une chose pareille et puis dans un silence presque total (bien sûr il y a toujours un murmure de brise) je sens aussi que j'existe vraiment que je suis un être vivant parmi les arbres vivants les herbes vivantes je sens la vie partout dans l'air frais du Nord dans la douceur de l'Est où le soleil apparaît dans les troncs tors les graminées graciles je suis tellement sur terre que je voudrais un instant être en apesanteur enfin … je veux dire sans l'attraction terrestre décollé du sol de quelques centimètres je ne deviendrai pas pour autant un simple esprit (ni un simple d'esprit) mais je serai en quelque sorte émancipé le temps de goûter une liberté absolue moi dans l'air en l'air sans densité juste pour voir et qui sait avec les anges

dimanche, juillet 24 2016

LE CHOC DE LA CIVILISATION

Elle est prête à quitter la maison après ces huit jours passés à tricoter au soleil. Elle et sa fille adolescente moulée par les sculpteurs de la société "moderne", pouces en constante érection, boulimie gourmande et coquetterie sommaire... Son dernier mot sera " Mais ça va être un choc pour toi le retour à la civilisation !" Certes nous sommes isolés dans cette ferme provençale au milieu des champs de lavandes, des prés grillés par le soleil, à quatre cents mètres du village, six kilomètres du premier super marché. De la civilisation nous ne voyons que mille cyclistes s'acharnant sur les pentes du Ventoux comme si la preuve de leur existence dépendait de la jouissance des souffrances endurées sous les rayons chargés d'uv du soleil de juillet. De la civilisation nous ne voyons que les minibus de touristes du soleil levant disséminés dans l'océan violacé des lavandes, auto-photographiant leurs sourires placides sous des ombrelles fleuries ou de larges casquettes de toile. De la civilisation nous subissons les hordes de camping-cars convoyant en justes congés et partant à la conquête d'un petit coin de convivialité partagée sur des parkings aménagés à cet effet par les municipalités bienveillantes. Oui, on m'opposera que ces foules invasives permettent aux autochtones de remplir leurs escarcelles pour les longs mois d'hiver, sans elles ce monde rural et paysan serait voué à une désertification inévitable. Et bien oui, les culs terreux vous disent merci. La civilisation c'est d'abord le progrès, le progrès qui apporte le confort, le confort qui se présente désormais sous l'aspect de petites touches donnant accès à tous les nirvanas de la consommation. Son dernier mot a été " Mais ça va être un choc pour toi le retour à la civilisation !" ma réponse fut aussitôt - Mais la civilisation c'est ici !.

Youpee

- page 2 de 10 -