Soliloques et coups de gueule, un mode d'expression à partager.

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samedi, avril 19 2014

J'aimerai pas être un lilas.

J'aimerai pas être un lilas, blanc ou mauve, dans un jardin joyeux ou la courette d'un pavillon de banlieue. Si j'étais ce lilas je ferais le bonheur des peintres et des poètes, des paroliers de chansons, des cinéastes et des Roms qui vous alpaguent sur les marchés parisiens du dimanche. Si j'étais un lilas, comme tous mes semblables je ne tiendrai pas mes promesses. Sitôt envasé sur la table basse du salon, au coin d'une commode, voire sur un piano laqué de noir, je commencerai à mourir d'ennui, à suffoquer dans le parfum des cigarettes blondes et les effluves du gigot dominical. Le lilas est en fleurs du côté de Pâques, ce moment si particulier qui chamboule les nuées, les astres, les meilleurs météorologistes. Si j'étais un lilas je serai du bon ou du mauvais côté du ciel. Je crois que je serai du mauvais côté, balayé par un vent glacé d'avril, trempé de pluie cinglante, alourdi d'une eau imprévisible, grappes courbées sous le poids de la malchance. Bien sûr, entre deux averses, un maigre rayon de soleil me verrait fièrement redressé, un reste d'orgueil avant que de me recroqueviller dans la promesse d'un mois de mai salvateur. Si j'étais un lilas il serait trop tôt ou trop tard et je dilapiderai mon parfum avec générosité et un peu d'amertume. J'aimerai pas être un lilas qui ne ressemble à rien que ce feuillage maculé de grappes sèches, ce citoyen anonyme qui remplit son rôle docile, le nécessaire ornement dont on oubli la taille. La vie est brève pour les lilas qui donnent aux amoureux l'espoir de l'été retrouvé, de l'insouciance et de la désinvolture. Tiens, j'aimerai mieux être un pissenlit !

Lilas

lundi, août 26 2013

Sans savoir

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Nous avons eu la promesse d'un après midi immobile. Seules les virevoltes d'insectes dans la blancheur du ciel figé, la chaleur par bouffées odorantes de maquis, les parfums de poussières d'immortelles et de thym nous accompagnent. Toi et moi au milieu des arbres torturés par les sols pierreux gravissons les calades défoncées. Je ne cesse t'emprisonner ta main, tu me la cèdes en silence, toujours ce silence qui nous habite. Nous sommes hors le temps, l'avenir, hors champ, hors la loi. Maintenant au sommet où un souffle de Sirocco nous accueille et nous enveloppe. Ici s'accrochent quelques maisons d'un hameau désert. Granit austère. Une haute bâtisse d'autres maisons bourgeoises du temps de la splendeur de l'île, une église ventrue et basse avec un reste de campanile. Au centre de ces ruines un pré pelé dévoré par le soleil et les caillasses émergentes. Côte à côte, incrédules de notre histoire, nous sommes et c'est certain les maîtres de ce monde. Alors je t'ai saisie par la taille, planté mon regard d'enfant dans tes yeux francs et vifs, puis je t'ai soulevée de terre et nous avons tournoyé dans l'été finissant. Nous nous sommes promis des lapins et des ânes, de l'eau fraîche et des livres de poésie, nous nous sommes promis le présent pour toujours. Sans savoir.

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