Cimetière

18 heures au cimetière Nord de Strasbourg. Deux frères animés de bonnes intentions effectuent des réparations sur la tombe de leurs parents aux derniers rayons d'un soleil de printemps. Leur ouvrage achevé ils regagnent paisiblement l'automobile garée devant les pavillons des gardiens, à l'entrée du cimetière. Mais là, surprise, les grilles sont fermées, impossible de sortir, il est 18 heures 20, le cimetière Nord annonce pourtant sa fermeture à 19 heures. Les deux frères supposent un instant que cette visite n'a peut-être pas été suffisante et que les parents usent des stratagèmes de l'au-delà pour les retenir un peu plus longtemps. Que nenni se disent ces deux enfants sages n'ayant pas capté la moindre manifestation apparente. Il leur reste donc à faire appel à leur imagination et comme au bon vieux temps du service armé dans des casernes carcérales se décident à faire le mur... Ainsi ils peuvent regagner la sortie et fort de l'incident qu'ils trouvent finalement moins drôle qu'il peut y paraître, s'ingénient à trouver un gardien patenté, un responsable contractuel, en fait une âme qui vive. Le premier pavillon est clos, le second est ouvert sur sa cour, une bicyclette flemmarde sur le mur, les fenêtres restent ouvertes, la porte fermée et la sonnette muette. Et pourtant s'éloigne alors le livreur de pizza sur son destrier mécanique... Il est 18 heures 50, la cloche n'a pas fait entendre son dernier appel aux fidèles éparpillés dans le labyrinthe ensoleillé, retour vers le futur... Les deux frères ont passé la soixantaine, encore très verts et possédant la majorité de leurs moyens ils ont donc réussi une évasion sans effusion... Mais ils imaginent soudain ce qui aurait pu arriver à quelque vieillard éploré devant les portes de ce qui devenait un enfer ? Tirant les conséquences de l'incident les deux frangins décideront que désormais ils reviendront munis d'un sérieux casse-croûte et de sacs de couchage et peut-être même d'une balise Argos.