J'ai connu un gars, quand j'étais étudiant en Arts Plastiques, qui, à la pose du matin avait découvert qu'il pouvait vendre la moitié de son sandwich.Tout avait commencé simplement et naturellement puisqu'un autre élève, par l'odeur, alléché, lui quémanda un morceau de son casse-croûte. Il n'y avait en soit rien de répréhensible à ce "marché", car l'un avait payé et produit cette denrée et l'autre désirait la ... consommer. Quelques jours plus tard notre homme sandwich, toujours à la pose, était pourvu d'un sac contenant 3 ou 4 de ces casse-croûtes confectionnés. Ainsi le bonhomme comprit qu'il y avait un marché, une demande et qu'il était capable de faire une offre contre espèces sonnantes et trébuchantes. Si notre cher copain, que plus personne désormais ne pouvait porter dans son estime, avait poursuivi le développement de son entreprise, peut-être aurait-il opté pour des méthodes et des process plus industrieux.

Quand pendant des siècles des paysans (gens du pays) possédant des terres, ont pu vivre en échangeant leurs savoir-faire de l'agriculture avec d'autres paysans (gens du pays) qui savaient transformer ces produits (le boulanger, le boucher, l'herboriste, l'apothicaire, la crémière...), un certain équilibre pouvait encore persister. Quand au fil des siècles les territoires se sont agrandis, quand la mécanisation est arrivée au secours des pauvres paysans qui se tuaient à la tâche, quand les prêts et les subventions ont fait leurs apparitions, ceux-ci, endettés, n'ont eu d'autres solutions que de faire ce que d'autres entreprises connaissaient déjà, de la cavalerie, c'est-à-dire du chiffre d'affaire à tout prix afin de rembourser les prêts qui risquaient de les mettre en faillite. L'agriculteur est devenu un industriel.

champ "Moi je voudrais pas être un lapin !

Et aujourd'hui l'on se pose la question: comment notre agriculture sur un marché mondialisé peut-elle devenir compétitive? La réponse est simple, arrêtons la compétition. Revenons aux territoires, aux savoir-faire, ne pétons pas plus qu'on à le cul, c'est -à-dire produisons ce que la terre permet de produire localement et échangeons sur un territoire dont la taille ne met pas en péril, ni le lien social, ni l'air que nous respirons, ni la faune, ni la flore, ni le paysage. Et arrêtons de croire aux gourous qui nous promettent que sans une agriculture modernisée nous ne pourrons nourrir la planète !