Elle est prête à quitter la maison après ces huit jours passés à tricoter au soleil. Elle et sa fille adolescente moulée par les sculpteurs de la société "moderne", pouces en constante érection, boulimie gourmande et coquetterie sommaire... Son dernier mot sera " Mais ça va être un choc pour toi le retour à la civilisation !" Certes nous sommes isolés dans cette ferme provençale au milieu des champs de lavandes, des prés grillés par le soleil, à quatre cents mètres du village, six kilomètres du premier super marché. De la civilisation nous ne voyons que mille cyclistes s'acharnant sur les pentes du Ventoux comme si la preuve de leur existence dépendait de la jouissance des souffrances endurées sous les rayons chargés d'uv du soleil de juillet. De la civilisation nous ne voyons que les minibus de touristes du soleil levant disséminés dans l'océan violacé des lavandes, auto-photographiant leurs sourires placides sous des ombrelles fleuries ou de larges casquettes de toile. De la civilisation nous subissons les hordes de camping-cars convoyant en justes congés et partant à la conquête d'un petit coin de convivialité partagée sur des parkings aménagés à cet effet par les municipalités bienveillantes. Oui, on m'opposera que ces foules invasives permettent aux autochtones de remplir leurs escarcelles pour les longs mois d'hiver, sans elles ce monde rural et paysan serait voué à une désertification inévitable. Et bien oui, les culs terreux vous disent merci. La civilisation c'est d'abord le progrès, le progrès qui apporte le confort, le confort qui se présente désormais sous l'aspect de petites touches donnant accès à tous les nirvanas de la consommation. Son dernier mot a été " Mais ça va être un choc pour toi le retour à la civilisation !" ma réponse fut aussitôt - Mais la civilisation c'est ici !.

Youpee