Soliloques et coups de gueule, un mode d'expression à partager.

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dimanche, juillet 24 2016

LE CHOC DE LA CIVILISATION

Elle est prête à quitter la maison après ces huit jours passés à tricoter au soleil. Elle et sa fille adolescente moulée par les sculpteurs de la société "moderne", pouces en constante érection, boulimie gourmande et coquetterie sommaire... Son dernier mot sera " Mais ça va être un choc pour toi le retour à la civilisation !" Certes nous sommes isolés dans cette ferme provençale au milieu des champs de lavandes, des prés grillés par le soleil, à quatre cents mètres du village, six kilomètres du premier super marché. De la civilisation nous ne voyons que mille cyclistes s'acharnant sur les pentes du Ventoux comme si la preuve de leur existence dépendait de la jouissance des souffrances endurées sous les rayons chargés d'uv du soleil de juillet. De la civilisation nous ne voyons que les minibus de touristes du soleil levant disséminés dans l'océan violacé des lavandes, auto-photographiant leurs sourires placides sous des ombrelles fleuries ou de larges casquettes de toile. De la civilisation nous subissons les hordes de camping-cars convoyant en justes congés et partant à la conquête d'un petit coin de convivialité partagée sur des parkings aménagés à cet effet par les municipalités bienveillantes. Oui, on m'opposera que ces foules invasives permettent aux autochtones de remplir leurs escarcelles pour les longs mois d'hiver, sans elles ce monde rural et paysan serait voué à une désertification inévitable. Et bien oui, les culs terreux vous disent merci. La civilisation c'est d'abord le progrès, le progrès qui apporte le confort, le confort qui se présente désormais sous l'aspect de petites touches donnant accès à tous les nirvanas de la consommation. Son dernier mot a été " Mais ça va être un choc pour toi le retour à la civilisation !" ma réponse fut aussitôt - Mais la civilisation c'est ici !.

Youpee

dimanche, juillet 26 2015

Une histoire de casse-croûte

J'ai connu un gars, quand j'étais étudiant en Arts Plastiques, qui, à la pose du matin avait découvert qu'il pouvait vendre la moitié de son sandwich.Tout avait commencé simplement et naturellement puisqu'un autre élève, par l'odeur, alléché, lui quémanda un morceau de son casse-croûte. Il n'y avait en soit rien de répréhensible à ce "marché", car l'un avait payé et produit cette denrée et l'autre désirait la ... consommer. Quelques jours plus tard notre homme sandwich, toujours à la pose, était pourvu d'un sac contenant 3 ou 4 de ces casse-croûtes confectionnés. Ainsi le bonhomme comprit qu'il y avait un marché, une demande et qu'il était capable de faire une offre contre espèces sonnantes et trébuchantes. Si notre cher copain, que plus personne désormais ne pouvait porter dans son estime, avait poursuivi le développement de son entreprise, peut-être aurait-il opté pour des méthodes et des process plus industrieux.

Quand pendant des siècles des paysans (gens du pays) possédant des terres, ont pu vivre en échangeant leurs savoir-faire de l'agriculture avec d'autres paysans (gens du pays) qui savaient transformer ces produits (le boulanger, le boucher, l'herboriste, l'apothicaire, la crémière...), un certain équilibre pouvait encore persister. Quand au fil des siècles les territoires se sont agrandis, quand la mécanisation est arrivée au secours des pauvres paysans qui se tuaient à la tâche, quand les prêts et les subventions ont fait leurs apparitions, ceux-ci, endettés, n'ont eu d'autres solutions que de faire ce que d'autres entreprises connaissaient déjà, de la cavalerie, c'est-à-dire du chiffre d'affaire à tout prix afin de rembourser les prêts qui risquaient de les mettre en faillite. L'agriculteur est devenu un industriel.

champ "Moi je voudrais pas être un lapin !

Et aujourd'hui l'on se pose la question: comment notre agriculture sur un marché mondialisé peut-elle devenir compétitive? La réponse est simple, arrêtons la compétition. Revenons aux territoires, aux savoir-faire, ne pétons pas plus qu'on à le cul, c'est -à-dire produisons ce que la terre permet de produire localement et échangeons sur un territoire dont la taille ne met pas en péril, ni le lien social, ni l'air que nous respirons, ni la faune, ni la flore, ni le paysage. Et arrêtons de croire aux gourous qui nous promettent que sans une agriculture modernisée nous ne pourrons nourrir la planète !

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