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Ce matin dans le miroir, au dessus du lavabo j'ai 100 ans. Mon visage me semble presque étranger. Je vais écrire. Je vais l'écrire. Ecrire pour dire, pour que l'on sache, pour qu'il n'y ait pas de méprise, pour être connu sinon reconnu, pour un genre de vérité sur soi pour les autres, leur dire qu'ils se trompent. Séance de démaquillage comme devant ce miroir, là, glacé et mort au-dessus du lavabo bleuté par l'aube. J'ai 100 ans et j'assume, je prends acte. J'ai un court instant imaginé le pire: plus de reflet, plus d'image, plus mon regard sur moi, plus de mes yeux froncés qui fouillent et cherchent inutilement une découverte inespérée un autre moi, un nouveau départ, une feuille vierge et blanche, une page sans bords latéraux ni marge, sans limites , un espace sans fin, un infini sans repères, une éternité quoi ! J'aurai souhaité que "l'autre "prenne la parole, ait un mouvement à contresens, désynchronisé. Mais c'est une copie qui me regarde. Ce n'est seulement qu'une copie. Mais ne suis-je pas, moi, la copie, et l'image reflétée l'originale. Serais-je déjà loin de moi, ailleurs, de l'autre coté du miroir.