Il ne m'est pas très difficile de savoir ce que peut-être la médiocrité. Il m'est plus difficile de savoir ce qui s'y oppose. Face à cette tiédeur bon ton (bien sur de «bon ton» surtout aujourd'hui), l'on imagine une quête d'absolu, un radicalisme sectaire, un idéalisme béat. Je ne sais donc pas exactement ce qui s'oppose à la médiocrité, mais sachant ce qu'elle est plus que ce qu'elle représente, je sais que je n'en veux pas, je ne m'en accommode guère, elle m'incommode surement. Et pourtant je dois la côtoyer, voire même dans la majorité des cas l'apprivoiser afin de rester dans les limites de la sociabilité, éviter une marginalisation finalement détestable, hautaine, méprisante, déplacée. Comme le dit si «tranquillement» Cézanne, «se contenter» est déjà le début de la médiocrité. Il ne faut jamais se contenter. Il faut marcher sans répit, sans espoir, mais marcher et connaître. Car connaître c'est aimer. La vie. Le parcours improbable et futile, l'aventure involontaire entre hommes, bêtes, et éléments. Traverser le temps avec innocence et joie. Joie, mot désormais parfaitement désuet, rangé entre bouquets de lavandes séchées et pastilles à la violette. Au vingt-et-unième siècle on s'éclate. Au grand cirque il est bon de s'envoyer en l'air, s'exploser, se défoncer.

La comédie et le rêve