Qui suis-je pour porter un jugement aussi radical que définitif sur l'art contemporain ? Un esprit plutôt ouvert dont la fâcheuse tendance serait de revenir aux pulsions premières, aux émotions originelles. Or donc, si une œuvre provoque en moi une réaction dans un temps raisonnable et sans l'aide d'un mode d'emploi abscons, je juge celle-ci conforme au rôle d'une honnête expression confrontée au regard du spectateur. En contrepartie j'émets de sérieux doutes face à certaines créations que je peux découvrir aux détours d'expositions qui fleurent bon les stratégies marketing de lieux culturels en mal de trafic. N'ayons pas peur des mots, il est de plus en plus courant que je ressorte d'un parcours miné avec le sentiment d'avoir été la cible de charlatans rigolards. Mais, bon, ces réflexions n'appartiennent qu'à moi, je sais que d'autres les partagent et à notre tour nous nous autorisons les critiques les plus joyeuses et les plus créatives. Mais ce que je trouve parfaitement au point c'est le chaînage des acteurs de ce marché sacralisé dans lequel évoluent le meilleur et le pire sans distinction labelisée. Je ne puis dire si "Dieu y reconnaîtra les siens", je ne suis pas beliqueux tel Arnaud Amaury qui eut voulu que je les tuasse tous. Mais enfin, las de pratiquer une autocensure aussi mondaine que lâche dans notre société soudain empreinte d'une improbable pudeur, je revendique la liberté - même surveillée - de donner mes opinions, voire de les afficher, les proclamer et les gueuler si nécessaire. Si c'est de la merde, c'est de la merde, du toc, de l'esbroufe, du bidon, de l'escroquerie, et si ça marche c'est que le marché met en présence et les boni-menteurs et les bogos (prononcer bogo et non beau gosse - contraction de gogo et bobo) via la complaisance de media douteux.

Bataille rangée